Et moi je suis presbyte, mais j'évite de le crier sur les toits.....
Allez, je ne résiste pas à vous citer, de mémoire

mon histoire favorite de mon ami Pierrot....
Lisez et pleurez.....
L'aquaphile
10 avril 1986
J'étais littéralement fou de cette femme. Pour elle, pour l'étincelance amusée de ses yeux mouillés d'intelligence aiguë, pour son cul furibond, pour sa culture, pour sa tendresse et pour ses mains, pour cette femme à la quanrantaine émouvante que trois ridules égratignent à peine, trois paillettes autour de ses rires de petite fille encore, pour ce fruit mûr pas encore tombé, pour ses seins arrogants toujours debout, même au plus périlleux des moins avouables révérences, pour cette femme infiniment inhabituelle, je me sentais au bord de renier mes pantoufles.
En sa présence, il n'était pas rare que je gaudriolasse sans finesse, dans l'espoir flou d'abriter sous mon nez rouge l'émoi profond d'être avec elle. Elle avait souvent la bonté d'en rire, exhibant soudain ses clinquantes canines dans un éclair blanc suraigu qui me mordait le coeur. J'en était fou, vous dis-je.
Je l'emmenai donc déjeuner dans l'antre bordelais d'un truculent saucier qui ne sert que six tables, au fond d'une impasse endormie du XVe où j'ai mes habitudes. J'avais commandé un Figeac 71, mon Saint-Émilion préféré. Introuvable. Sublime. Rouge et doré comme peu de couchers de soleil. Profond comme un la mineur de contrebasse. Éclatant en orgasme au soleil. Plus long en bouche qu'un final de Verdi. Un si grand vin que Dieu existe à sa seule vue.
Elle a mis de l'eau dedans. Je ne l'ai plus jamais aimée.
Ce Pierrot-là, c'était un grand enfant, un coeur si tendre au fond, sous sa carapace de piquants, un rêveur à la Lune comme on n'en fait plus guère... La mort ne s'y est pas trompée, qui a choisi de le prendre vivant.....