article paru le 01-11-2005
Politique
Les élections présidentielles de 2007 n'auront pas lieu
correspondance de Guernesey
Alors que les préparatifs des élections présidentielles de 2007 mettent en branle les éléphants des états-majors politiques sur fond de déliquescence institutionnelle, la surprise est venue du Conseil Constitutionnel qui annoncera le 2 novembre, fête des défunts, la fin de la Vème République.
Les élections présidentielles de 2007 n'auront pas lieu car la Vème République sera abolie avant. Dans le climat de perdition institutionnelle qui s'aggrave de jour en jour depuis le 29 mai 2005, personne ne semble avoir voulu annoncer la vérité au malade : c'est donc l'incarnation des institutions, ou du moins ce qu'il en reste, qui annoncera elle-même sa disparition.
"Triste fin", commente Albert Dubonchoix, politologue émérite, "qui n'est pas sans rappeler celle de la IIIème République, mettant elle-même fin à ses jours par le constat de la débâcle parlementaire. Mais en la matière, est-il de fin glorieuse qui ne soit ni violente ni désespérée ?".
Pour Norton C. Ridewell, consultant généraliste international et expert en tout sur tout, "la fin de la Vème République donne l'exemple d'institutions responsables, constatant l'inadéquation des cadres politiques aux réalités économiques, culturelles et sociales de l'espace géographique qu'elles prétendent gouverner". C'est en effet la première fois dans l'Histoire de France qu'une République se termine elle-même, sans heurts ni effusion de sang. "La situation n'est pas sans rappeler la fin définitive de la monarchie en France, en 1875, lorsque furent signés les amendements Wallon", poursuit le célèbre consultant "le parallèle ne surprendra d'ailleurs pas, tant la Vème était marquée au sceau du pouvoir personnel".
"L'Europe a eu raison de la République qu'elle a fait naître", analyse Albert Dubonchoix, "malgré les replatrâges institutionnels de plus en plus fréquents, les institutions françaises n'étaient plus adaptées à l'avenir de l'Europe". La fréquence des révisions constitutionnelles avaient en effet fini par semer le doute dans l'opinion sur la capacité des institutions à légiférer et gouverner sans devoir graver dans le marbre sacré de la Constitution la moindre décision présidentielle. Réunies de plus en plus souvent en Assemblée Nationale à Versailles, les deux chambres ont feint de croire à l'amnésie des français qui n'ont pourtant pas pu s'empêcher d'y voir le symbole d'un pouvoir exilé et impuissant, incapable de reprendre en main les destinées du pays, comme le fut autrefois, sous la pression de l'occupation, le gouvernement de Thiers ; mais aussi celui d'un pouvoir prenant plaisir à déambuler sous les dorures argentées tandis que s'exercent chaque jour les dures réalités de la compétition internationale. "Les Français n'aiment pas que le pouvoir quitte Paris", rappelle Alain Miguel, auteur de l'ouvrage "les Français et la politique : histoire d'une amour incomprise".
"Sans fleurs ni couronne, la Vème République disparaît pour n'avoir pas su répondre aux attentes des français, clairement exprimées le 29 mai 2005", analyse Alain Miguel. "Jacques Chirac restera dans l'Histoire comme un homme à part, une sorte d'incompris à la manière de Mac Mahon : après un premier septennat marqué par la déprésidentialisation qui a paru redonner une seconde jeunesse au régime, l'autoritarisme du second mandat a fait resurgir des réflexes bonapartistes qui ont précipité sa perte, car cette manière de gouverner, si elle a pu convenir aux français de 1958, s'est heurtée aux évolutions des moeurs politiques, économiques et sociales européennes au tournant du siècle", conclut Alain Miguel, également auteur de "La Vème République est-elle soluble dans la gauche ?".
Reste que si l'idée d'une VIème Répulique semble faire converger de nombreux espoirs, l'avenir de cette jeune pousse politique demeure fragile : à Saint Cloud, un rassemblement spontané de militants s'est regroupé au pied du "Paquebot" au cri féroce de "A bas la gueuse". Jean-Marie Le Pen a déclaré que "marcher sur le Palais Bourbon ne constituera plus un acte séditieux, car le bâtiment vide ne représentera plus rien qu'un mausolée abandonné".
La formation d'une Assemblée Constituante a été annoncée avant la fin de l'année : elle aura pour mission de doter la France des institutions démocratiques qui lui permettront d'aborder le nouveau siècle en confiance, au sein d'un espace européen pluraliste, divers, tourné vers l'avenir des peuples d'Europe. Si la teneur du texte qui sera présenté à l'avis des français n'est pas encore connue, chacun s'accorde à penser que le rôle présidentiel y sera limité à celui de représentation institutionnelle -comme c'est le cas dans de nombreux autres pays d'Europe- et que la ou les chambres élues se verront dotées de prérogatives nouvelles, avec la possibilité de légiférer directement sur la base d'une directive européenne et, réciproquement, de proposer au Parlement Européen, à titre de proposition de loi européenne, toute loi française en vigueur. Dans les grandes lignes, l'équilibre des pouvoirs devrait se rapprocher de celui qui avait été conçu pour la IVème République, celle sous laquelle fut signé le traité de Rome, fondateur de la future Union Européenne.
"La naissance de la VIème République montre qu'en fin de compte, les leçons du 29 mai ont été entendues", se félicite Albert Dubonchoix, "les Français refusent que l'Europe dicte à la France la modernisation de ses cadres institutionnels vieillissants". "La France reprend son destin politique en main en se dotant des institutions politiques adaptées aux réalités nouvelles du XXIème siècle. Elle redevient le phare institutionnel, moteur de la construction européenne et exemple vivant de la modernité politique, administrative et publique pour les autres pays d'Europe", conclut, enthousiaste, François Dubonchoix, français moyen de moins de 50 ans, habitant une agglomération de 100 000 personnes et employé dans une société de service de 50 à 250 salariés.
Norton C.Ridewell, politologue ès France, a salué l'événement de cette simple tirade : "La Vème République est morte, vive la VIème République. Vive la République, vive la France".
*cet article est un faux*