Biographie de Don Choa
3 ans après Vapeurs Toxiques, Don Choa sera de retour avec son 2nd album solo, "Jungle de Béton", en octobre. Skyrock.fm a écouté l'album en exclusivité et a interviewé le rappeur, qui parle plus en détail de son opus à venir.Skyrock.fm : Bonjour Don Choa ! Bienvenue sur Skyrock.fm
Don Choa : Salut !
Skyrock.fm : On te reçoit à l'occasion de ton nouvel album solo, Jungle de Béton. A quel moment as-tu eu envie de retravailler en solo ?
Don Choa : C'est pendant la tournée pour l'album Marginale Musique avec la FF, que j'ai commencé à écrire, à chercher des sons. Au début, je ne voulais pas forcément faire un album, je voulais juste avoir des sons, des couplets et faire des morceaux.
Skyrock.fm : Et dans quel état d'esprit l'as-tu commencé ?
Don Choa : J'étais à fond, je voulais avoir des prods de fou et donner le meilleur de moi-même.
Skyrock.fm : Comment as-tu procédé ? As-tu écouté écrit, puis choisis les prods ou écouter beaucoup de sons, puis écrit les textes ?
Don Choa : Je voyais avec qui je voulais travailler. J'ai travaillé avec Pone, qui compose pour la FF, Kimfu, qui fait des sons sur Toulouse et Animal Sons. J'ai commencé à travailler sur des instrus que j'avais déjà de Pone et d'Animalsons. Kimfu, j'étais souvent chez lui. Ensuite, j'ai fait appel à Skalp. Ca s'est fait en studio avec chacun d'entre eux.
Skyrock.fm : Skalp, est-ce par rapport à la collaboration sur l'album de Tony Parker ?
Don Choa : Non, il était déjà présent sur mon 1er album. C'était Kore & Skalp, mais j'étais en studio et j'ai vu qui tapait sur les machines. Il faut dire la vérité au peuple. Sinon, au niveau des prods, on me dit qu'il y a des sons dirty. Moi, j'en avais déjà en 2002, il s'appelait Sale Sud.
Skyrock.fm : Pourquoi avoir plus de prods dirty south qu'autre chose sur cet album ?
Don Choa : Il n'y a pas plus de prods dirty south qu'autre chose! C'est varié, il ya des prods"cassiques", des plus modernes... Pour moi, il n'y a pas de différence, c'est du rap. Par exemple, c'est un sample de Pone, mais le beat derrière, on va dire que c'est dirty, car il y a la charley derrière. En vérité, tout ça c'est du son. Je ne fais pas la différence et pareil pour l'auditeur. Il ne va pas classifier chaque son, se dire que c'est dirty, Miami ou Nouvelle-Orléans. Il y a un son de chaque coin, mais il y a aussi du nouveau, la musique évolue. Cependant, ça n'empêche pas de garder des trucs.
Skyrock.fm : Ecoutes-tu ce qui s'est fait dernièrement ?
Don Choa : Non, pas tellement. J'écoute beaucoup de reggae. Sinon, j'écoute surtout des albums à l'ancienne comme le premier album de Snoop ou celui de Lil'Kim.
Skyrock.fm : A la 1ère écoute, les thèmes sont très sombres. Pour toi, il n'y a pas de point de non-retour ?
Don Choa : Franchement oui. J'espère me tromper, mais je pense que c'est foutu. Il parait qu'il cherche des planètes pour déplacer la population. Je n'ai pas l'impression que l'album soit sombre, il y a plein de moments où je rigole. Mais si je dois faire un constat de l'époque, c'est celui-ci et je ne crois pas que je sois le seul à le faire.
Skyrock.fm : C'est dans cet esprit là que tu as intitulé ton album Jungle de Béton ? Le titre du précédent l'album était une référence à la catastrophe AZF.
Don Choa : C'était plus large que ça, j'avais mis ça dans la bio, comme ça, on ne me parlait pas de shit ou d'herbes. Vapeurs Toxiques, c'était tout ce que l'environnement, la pollution peut faire dans ton cerveau. Jungle de Béton, c'est plus ce qui nous environne, le conditionnement, le lavage de cerveau.
Skyrock.fm : Côté featuring, tu as fait appel à Zaho pour le titre Lune de Miel, une histoire à la Bonnie & Clyde, comment s'est fait la connexion ?
Don Choa : J'avais un son de Marc d'Animal Sons. Un jour, on revenait de manger et on avait parlé avec Francis Delmas, le boss de Polygone, qui nous avait parlé des histoires des années 80. Dans le studio, Marc était aussi dans la vibe années 80 et il a commencé à tapé un gimmick au clavier. Dès que j'ai entendu ça, je lui aie dis que je voulais ce son. Il me plaisait vraiment, donc j'écrivais des couplets en sachant que je voulais que ça parle d'une histoire de meuf. Puis, je me suis dit qu'il me fallait une chanteuse. J'ai tout envoyé à Zaho et quand elle m'a renvoyé ce qu'elle avait fait, j'étais comme un fou. Comme quoi, il n'y a pas vraiment besoin de rencontrer les gens pour que cela se passe bien.
Skyrock.fm : Comme autre invité, on retrouve aussi le Rat Luciano, normal ?
Don Choa : Ouais. Le Rat, je passais le voir pendant que je faisais l'album. Un jour, j'avais un son de Pone sur lesquels j'ai écrit mon couplet et le refrain vite fait, puis je me suis dit que je verrais bien Le Rat poser au début. Il est venu à Toulouse. Il y avait une bonne ambiance avec Menzo et Marc d'Animal Sons.
Skyrock.fm : Tu n'as enregistré qu'à Toulouse ?
Don Choa : Non, à Marseille aussi. Au début, j'ai enregistré chez Kimfu dans son home-studio. Mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'un album, c'est un travail d'équipe. Sans un mec comme Karim Thiam, je n'aurais pas pu faire cet album. Que ce soit pour l'organisation ou les plannings, il m'a apporté son sérieux, son recul et son savoir-faire. Sans les conseils de producteurs, je n'aurais pas pu faire cet album non plus. Je n'hésitais pas à me remettre en question, à refaire les couplets.
Skyrock.fm : Il y a aussi le morceau Le Sud Le Fait Mieux avec Soprano et Billy Bats. Comment s'est-il fait ?
Don Choa : A la base, c'était un morceau de Billy Bats. Il était au fond de l'ordinateur de Kimfu. Un jour, je regardais la liste des morceaux de Billy Bats et je vois Le Sud le Fait Mieux. Je leur ai demandé de me le donner pour mon album. Au début, ils étaient hésitants. Ce n'était pas évident pour Billy Bats de me le passer. Ensuite, je me suis dit qu'il fallait un mec qui représente et Sopra est parfait. En plus, il est à l'aise sur tous les types d'instrus. En studio j'avais deux fusées, c'était tendu ! (rire)
Skyrock.fm : Dans ce morceau, Soprano dit : « J'te baise, toi qui crois que le sud-est et l'ouest ne savait rapper que des S.O.S ». Que penses-tu du fait que le sud a souvent été catalogué comme ça ?
Don Choa : Catalogué ou pas catalogué. Je m'en fou. Ce n'est pas un truc revendicatif, c'est juste pour le délire. Les généralités, c'est souvent con.
Skyrock.fm : A un moment, dans le titre Redbull, tu parles de Kadera, est-ce en rapport avec celle de Jamel ?
Don Choa : Oui, bien sur. C'est le personnage de Kadera du spectacle de Jamel Debbouze. Celle qui s'est marié avec un beau survêt de mariage. Je la big up dans le morceau. Toutes les Kadera du monde, we love you ! (sourire)
Skyrock.fm : A quel stade en es-tu pour cet album ?
Don Choa : Je continue à fignoler. L'album n'est pas tout à fait terminé. Mais, on est vraiment prêt de la fin, il ne va pas y'avoir de chamboulement dans ce que vous avez écouté.
Skyrock.fm : Est-ce dur de terminer un album ?
Don Choa : Ouais. Mais, il faut bien arrêter à un moment. Quand tu es allé là où tu voulais aller, je pense que c'est bon. Mais ça reste un travail d'équipe. Il y a des gens qui m'ont aidé et qui ne le savent même pas. Après, c'est à moi d'avoir les yeux grands ouverts, de savoir qui écouter et ensuite, je mène la barque comme je l'entends.
Skyrock.fm : Sur l'album, il y a Ne Te Tue Pas, un morceau personnel qui sort du lot. Peux-tu nous en parler ?
Don Choa : Je voulais aller vers un morceau qui exprimait la tristesse. C'est difficile de réussir à l'exprimer. D'ailleurs, c'est le dernier morceau que j'ai fait. C'était le dernier jour des mixes. C'était la date ultime. Je l'ai écrit vers 8h ou 9h du matin pour l'enregistrer vers 12h. L'ingénieur qui faisait les prises était déjà sur un autre projet. J'ai éteint la lumière dans le studio et j'ai tout fait dans la foulée. Quand c'est personnel, il ne faut pas y passer des jours et des jours, il faut que ce soit sincère. Ce moment où j'étais prêt à exprimer avec sincérité une certaine tristesse, il fallait que je voie la dernière ligne. Sinon, Ne Te Tue Pas, ça vient du morceau de Timbaland, Kill Yourself, qu'on écoutait en boucle dans la voiture. Mais je ne voulais pas faire un morceau comme ça. Je faisais des trucs de malades, je ne dormais pas pendant 48h, et Tommy Uzzo(le new yorkais qui a mixé l'album) m'a dit don't kill yourself. Dans le morceau, ce n'est pas ne te tue pas sur le moment, mais ne t'autodétruis pas. Ne craque pas, reprends le dessus. Tout le monde gamberge.
Skyrock.fm : Le côté psychique revient souvent dans l'album.
Don Choa : Oui, dans Anesthesie Genérale, Jungle de Béton ou Ghetto Youth. C'est comme-ci on était prisonnier, mais sans chaînes. C'est le conditionnement du monde, mais aussi de nous-mêmes.
Skyrock.fm : Y'a-t-il un titre que tu retiens ?
Don Choa : Soit je te dis la réponse bateau, je les aime tous. Mais y'en a quelques-uns que je réécoute sans mal. D'habitude, ce n'est pas vraiment le cas. J'ai du mal à m'entendre et là, ça passe un peu mieux.
Skyrock.fm : Sinon, que vas-tu faire maintenant ?
Don Choa : Je vais essayer de défendre cet album du mieux possible. Il y a toujours moyen de le faire vivre à travers les clips ou la scène. Par le passé, on a trop souvent négligé ça.Voir plus