Biographie de Christophe Mali
« Je vous emmène », promet Christophe Mali, dix ans de scène dans les socquettes, un romantisme intègre, du bonheur en réserve.Il nous entraîne en solo, ce militant de la bonne écologie, des herbes naturelles et de la démocratie participative, « revenu au piano » après avoir, depuis 1995, mené en quartet l’aventure Tryo, groupe de reggae français et « akoustik », millionnaire du disque.
Septembre 2004 : 80 000 spectateurs chantent en chur avec Tryo Numa, Guizmo, Mali, Daniel à la Fête de l’Huma.
Octobre 2004 : Mali raccroche provisoirement sa guitare pour reprendre le cours de ses envies.
Au fil du temps et en marge du succès, il a composé des chansons à lui, intimes, hors d’atteinte du nouvel ordre économique mondial. Il échange le vertige des grandes scènes pour le défi dune cave voûtée, celle du Connétable, une salle de la rue des Archives à Paris.
Passants et passionnés se retrouvent, un peu déroutés, face au Mali nouvelles normes, piano-voix, costume cravate. La confidence durera trois mois, tous les lundis à minuit.
Mali y présente ses chansons, d’amour, d’absence, des vues plongeantes vers des souvenirs de petit garçon, écrites avec légèreté, un art tout français que pratiquait déjà un certain monsieur Trenet.
Ainsi, Christophe Mali nous emmène vers ses amours chansonnières. Alors que la jeunesse française reprend « C’est lhymne de nos campagnes / De nos rivières, de nos montagnes / De la vie, man, du monde animal » de Tryo, Christophe Mali écrit : « Jeune homme, dans ta cité garçonne / Gardez-vous notre amour à la boutonnière / Lâcherez-vous votre désir à la mer ? ». Chez Tryo ou chez lui, Christophe Mali cultive l’art du refrain évident à fredonner immédiatement.
Pour devenir papillon bleuté, le chanteur de Tryo a pris son temps. En 2004, il croise les rivages étranges de Jean Guidoni, interprète, chanteur théâtral, littéraire, frondeur, et lui donne une chanson, Thé de Chine, pour son nouvel album, Trapèze. Dans la scène primitive de Trapèze figure également Edith Fambuena, la femme de l’art musical de Trapèze. Guitariste, chanteuse au sein des ex-Valentins, duo proche dEtienne Daho ou de Bashung, elle est devenue en quelques albums (Guidoni, Pauline Croze) l’une des productrices musicales les plus originales du pays.
Christophe Mali, ses chansons, leur univers, lui plaisent, elle les habillera. « Je voulais emprunter un chemin émotionnel plus personnel. Je ne voulais pas d’un album habillé de musique de chambre, pincé, comme on en entend souvent en ce moment ».
Edith Fambuena n’est pas sujette aux effets de mode. Elle introduit des cordes sans chichi, de la bossa drum n’bass, de l’électronique (Jeune homme).
La section rythmique est impeccable, ça jazz, ça invente (Sans amour).
Les cuivres sont empruntés à Tryo, « très ensoleillés », quand ne viennent pas s’en mêler les Fils de Teuhpu, fanfare inextricable sur le seul manifeste politique de l’album, On s’en fout, considération menée en boogie-woogie avec une pointe de cynisme sur létat de la planète terre.
Dans ses chansons, Christophe Mali raconte des histoires la belle évaporée, le curé dévergondé, une Lili farouche, un premier amour inéluctable, avec début, suite et fin, un peu de fables, et cela penche vers Thomas Fersen. « Je me sens son héritier, dit Christophe, énergie libre, regard clair, battant, gai. Et puis derrière Fersen, il y a Jacques Higelin, qui a suivi la fabrication de cet album d’un il attentif » et dont l’nfluence se lit entre les lignes musicales (Laissez-moi, Le premier amour, Le curé de ma chapelle).
Comme Higelin, Mali est un enfant de la banlieue calme. Il est né à Anthony en 1976, à une rue de la MJC de Fresnes, où il a rencontré ses comparses de Tryo. Il jouait du piano classique. A douze ans, il composait des spectacles « très longs et que les voisins étaient obligés de suivre sans bouger ». Puis des comédies musicales, avant de se mettre au théâtre, via le conservatoire et la troupe du théâtre Firmin Gémier d’Antony.
Comédien, accordéoniste, chanteur, il intègre la compagnie de Zarina Khan, théoricienne des droits de l’enfant et de la culture comme mode de résistance et de rencontre. Avec elle, en 1993, il joue Le Dictionnaire de la vie, pièce écrite avec des femmes de Sarajevo. Il y gagne aussi son nom : « Je m’appelle Christophe Petit, et "petit" se dit "mali" en serbo-croate. Les copains de la troupe m’ont baptisé Mali, et on la mis sur l’affiche à la Cartoucherie de Vincennes ».
Du théâtre, il retient l’importance de la mise en scène, l’art de la dérision, avec clins d’il au Cirque Plume, « toujours présents dans les spectacles de Tryo ».Voir plus